Affrontements entre étudiants et policiers hier à l’Uac :Des blessés et plusieurs arrestations

16 mai 2012 Le campus d’Abomey-Calavi a été le théâtre d’un affrontement sanglant hier mardi 15 mai 2012 entre les forces de l’ordre et les étudiants. A l’origine des heurts, la condamnation d’un étudiant à six mois d’emprisonnement ferme par le Tribunal de première instance d’Abomey-Calavi et l’arrestation de plusieurs étudiants dont le président de l’Union nationale des scolaires et étudiants du Bénin (Unseb), André Assè. Six mois d’emprisonnement ferme. C’est ce verdict du Tribunal de première instance d’Abomey-Calavi contre un étudiant, qui a mis le feu aux poudres hier au campus d’Abomey-Calavi. En effet, au cours d’une sortie pédagogique organisée sur Sô-Ava il y a environ un mois avec des étudiants du département de Géographie, un professeur a eu une prise de bec avec un étudiant, qui lui a opposé le refus de s’asseoir à même le sol tel que demandé. Mal gérée, la situation avait dégénéré en bagarre avec à la clé des blessés dans le rang des étudiants. Pour maîtriser l’étudiant et calmer les esprits, le professeur aurait alerté la police qui s’était portée sur les lieux pour le chercher. Présenté au procureur d’Abomey-Calavi, il a été aussitôt placé sous mandat de dépôt. En prison depuis lors, le juge en charge du dossier l’a convoqué hier mardi 15 mai 2012 dans la matinée pour comparaître au Tribunal de Calavi. En guise de soutien à ce dernier, le président de l’Unseb, André Assè à la tête d’une impressionnante délégation d’étudiants, s’est rendu au tribunal pour soutenir le camarade étudiant. A l’issue du procès, le mis en cause a été condamné à six mois d’emprisonnement ferme. Aussitôt, les étudiants ont organisé un mouvement de protestation contre la décision. Pour outrage au procureur de la République près le Tribunal d’Abomey-Calavi, le président de l’Unseb et certains étudiants protestataires ont été arrêtés par la police. Informés de l’arrestation de leur président et d’autres camarades, les étudiants ont spontanément exprimé leur colère à travers une manifestation mal coordonnée. Le campus a été paralysé et la route inter-Etats, Bénin-Niger à hauteur de l’université ainsi que les entrées donnant accès au campus barricadées. L’intervention des forces de l’ordre a été donc sollicitée pour la libération de la voie et l’ouverture des entrées de l’université. Dans la foulée, plusieurs étudiants ont été arrêtés. Un policier molesté et pris en otage L’insolite, c’est la prise en otage d’un policier par les étudiants. Ce dernier a été déshabillé, bastonné et son arme confisquée avant d’être enfermé dans une résidence universitaire. Dans sa recherche, les forces de sécurité usent de la force. Les policiers ont aussi arrêté puis réprimé dans le sang des manifestations d’étudiants. Les regroupements d’étudiants ont été systématiquement dispersés à coup de gaz lacrymogène, les cours et compositions suspendus. En voyage à Parakou pour la rencontre du Conseil africain et malgache de l’enseignement supérieur (Cames), le recteur Brice Sinsin, a été contraint d’écourter son séjour dans la cité des « Kobourou ». Descendu, il a essayé de faire fumer aux uns et aux autres le calumet de la paix. Mais malheureusement, jusque tard dans la nuit, l’atmosphère est restée tendue avec des jets de gaz lacrymogènes et des arrestations tous azimuts dans le rang des étudiants. Des dizaines d’étudiants sont tombés dans les mailles des éléments du commissaire central de Cotonou, Louis Philippe Houndégnon, appuyé par un détachement de la gendarmerie. Aux dernières nouvelles, le policier séquestré a recouvré sa liberté. Quant à l’étudiant qui aurait aidé les policiers a retrouvé leur condisciple, blessé il suit des soins intensifs dans un centre de santé non loin du campus. S.A. (Stag)