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Le Blog de Joël Dimitri Vihoundjè "Le Citoyen Engagé"
20 mai 2012

Religion : le Vatican dans la tourmente

Par Hélène Rouquette-Valeins 

Depuis plusieurs semaines, des fuites de textes confidentiels mettent en cause la curie. La fatigue de Benoît XVI ouvre en avance le bal des papabili
Une mystérieuse lettre tombée dans les mains de la presse fait état des rapports conflictuels entre Benoît XVI et son « Premier ministre », le cardinal Bertone (à dr.). (Photo CHRISTOPHE SIMON/AFP)


«Gardons la tête froide, même si l'on ne doit plus s'étonner de rien. Le gouvernement américain a eu Wikileaks, on a les "Vaticanleaks", ou fuites de documents, qui créent un climat de confusion et de défiance… » Le 13 février dernier, le père Federico Lombardi, directeur de Radio Vatican, publiait sur ses ondes comme une mise au point sur la série de fuites qui affecte une institution séculaire apparemment dépassée par des événements qui atteignent en premier lieu un pontife vieillissant. Ces textes évoquent les querelles politiques internes, une mauvaise gestion financière et un chaos administratif. Des documents top secret livrés à la presse italienne parlent de pseudo-complot contre Benoît XVI, mais aussi de corruption et de transfert d'argent de la banque du Vatican.

Opinions conservatrices

Marco Politi, le vaticaniste du « Fatto quotidiano », analyse dans son dernier ouvrage la crise du pontificat de Benoît XVI. Il la fait remonter à la façon dont le cardinal Ratzinger a été installé sur le trône de saint Pierre : « Il n'aurait jamais dû devenir pape. Mais, dès l'été 2004, un tas de cardinaux hispaniques ultraconservateurs de la curie avaient décidé qu'il était le meilleur pour défendre leurs opinions conservatrices. Ils ne se sont jamais posé la question de son efficacité ou de son autorité compétente. »

C'est ainsi, argumente le vaticaniste, que l'on se retrouve désormais face à « une curie désorientée. Si gouverner, c'est affronter les problèmes avec sa tête, rechercher des solutions et créer de meilleures conditions pour le développement de la communauté que vous menez, ainsi que réformer l'organisation dont vous êtes responsable, ce qui vous prépare mieux aux défis de l'avenir, alors il est évident que Benoît XVI montre tous les signes de l'incertitude stratégique quant à la politique à suivre. »

Et de citer ces « signes d'incertitude » qui ont marqué les premières années du pontificat : la rupture de la relation avec le monde islamique après le discours de Ratisbonne, la réintégration des lefebvristes, dont Mgr Williamson, négationniste de la Shoah, les remarques sur l'utilisation du préservatif en Afrique, la nomination à Varsovie de l'archevêque Stanislas Wielgus, connu comme collaborateur des services secrets polonais pendant la période communiste, et à Linz de l'évêque Gerhard Wagner, pour qui l'ouragan Katrina « était une punition divine ». Mais aussi la fracture des relations avec le monde juif comme résultat de l'auto-absolution de l'Église catholique dans son rapport au nazisme, et l'accélération de la béatification du pape Pie XII.

Gouvernance minimaliste

Marco Politi suggère que Benoît XVI, qui passe beaucoup de temps à penser et écrire ses livres, pratique une gouvernance déconnectée des réalités de l'Église. Et, souligne l'auteur, « minimaliste ». C'est ainsi que le collège des cardinaux ne s'est réuni que trois fois en consistoire au cours des six dernières années. Les réunions collégiales au Vatican des chefs de dicastère (1) ont lieu seulement deux fois par an. Les nonces ne rencontrent Benoît XVI qu'au début et à la fin des missions diplomatiques. Les visites ad limina (2) à Rome, faites par les évêques tous les cinq ans, ont été réduites à une réunion collective avec le pape. Résultat : l'Église fonctionne comme « une citadelle assiégée ». Et Politi de se demander si « ce modèle de monarchie absolue, né au concile de Trente il y a cinq cents ans, est encore capable de fonctionner ».

Plus délirant encore est le sort d'une mystérieuse lettre confidentielle envoyée au pape et tombée dans les mains de la presse. Dans cette missive écrite en allemand, il est question d'une conversation entre l'archevêque de Palerme et des hommes d'affaires italiens auxquels le prélat aurait parlé du rapport conflictuel entre le pape et son « Premier ministre », le cardinal Tarcisio Bertone, ainsi que d'un éventuel complot contre Benoît XVI.

Le secrétaire d'État Bertone, 77 ans, numéro deux du Vatican, est également très critiqué par certains cardinaux qui le jugent « faible » dans sa gestion. Il est notamment mis en cause dans le « cas » Vigano. Mgr Carlo Maria Vigano, ancien secrétaire général du gouvernorat du Vatican, a dénoncé la corruption au sein de ses services et la manière dont Mgr Bertone l'a débarqué de son poste, le mutant à Washington.

Soupçons d'évasion fiscale

Mgr Vigano s'en prenait aux banquiers italiens, parmi lesquels le directeur de l'Institut pour les œuvres de religion (IOR), la banque du Vatican. La nouvelle réglementation financière du Vatican serait pipée : l'IOR aurait transféré des millions d'euros dans des banques étrangères dans une volonté d'évasion fiscale. « Or, précise l'historien Bernard Lecomte (lire ci-contre), le Vatican ne peut pas se permettre d'être considéré comme l'un des derniers paradis fiscaux, même si les dons qu'il reçoit ou qu'il attribue doivent la plupart du temps s'effectuer dans la discrétion. » L'historien, pour qui les hommes d'Église sont irresponsables devant l'argent, explique aussi qu'il y a toujours eu « des mafias louches qui tournent autour du Vatican ». Il reconnaît par ailleurs que la succession de Benoît XVI est déjà ouverte et que les dirigeants de l'Église italienne, qui ont gouverné le Vatican depuis cinq siècles sans discontinuer, feraient tout pour retrouver un pape italien. Ce qui explique la faveur de Mgr Angelo Scola, archevêque de Milan, très soutenu par Benoît XVI. Mais il n'est pas le seul « papabile ».

(1) Les ministres de l'Église catholique.

(2) Cette visite quinquennale à Rome, que tout évêque est tenu de faire, comprend le pèlerinage aux tombeaux des apôtres Pierre et Paul et une discussion avec le pape, évêque de Rome, sur la situation de l'Église dans le diocèse dont il a la charge.

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