ÉLECTIONS LÉGISLATIVES 2012:Duel Copé-Fillon : Les esprits s'échauffent à l'UMP
Tout semblait pourtant bien parti pour l'UMP. Au lendemain de la défaite de Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé avait appelé le parti à l'union en vue des législatives, répétant à l'envi qu'« il n'y aura(it) pas de guerre »entre les cadres en vue de la présidentielle de 2017. Dans la foulée, tout le monde semblait s'être accordé pour dire que le seul objectif était la victoire aux législatives.
Chassez le naturel, il revient au galop. Deux semaines à peine après ces grandes déclarations d'intention, chacun semble prêt à relancer la bataille pour la direction du parti. C'est François Fillon qui a ouvert les hostilités. Dans une interview accordée au Figaro Magazine, il a remis en cause l'autorité de Jean-François Copé, expliquant qu' « il n'y a plus, à l'UMP de leader naturel ». « Donc, il y aura une compétition. Mais la compétition ne signifie pas la division », a-t-il encore expliqué. En prenant une option claire sur la présidence du parti, qui devrait être renouvelée avant la fin de l'année, l'ex-Premier ministre a déclenché une vague de réactions.
Les partisans de Jean-François Copé n'ont ainsi pas tardé à se mobiliser pour réagir à l'agression. Rachida Dati a été la première à sortir du bois. La maire du VII° arrondissement de Paris, qui n'a pas digéré de se faire voler l'investiture de François Fillon dans sa circonscription, n'a pas été tendre. Elle l'a jugé « déloyal », « désagréable », « ingrat » et même « mal élevé ».Même constat de la part de Christian Estrosi, le maire de Nice qui fut également ministre de l'Industrie de Fillon, pour qui « ce n'est pas le moment de mettre un coup de canif. »
De son côté, François Fillon peut compter sur le soutien d'anciens membres de son gouvernement. Roselyne Bachelot, notamment, déclarait la semaine dernière qu'elle souhaitait que François Fillon soit candidat à la présidence de l'UMP, et qu'elle serait « à ses côtés pour mener ce combat ».
La petite phrase de Fillon lui vaut également -pour l'instant- le soutien inattendu des Sarkozystes de l'UMP. Au premier rang desquels Henri Guaino, qui fut conseiller spécial de l'Élysée ces cinq dernières années, chargé notamment des discours de Nicolas Sarkozy. Comme Fillon, il considère qu'il n'y a pas de patron de l'UMP : « Il y avait un leader naturel, c'était Nicolas Sarkozy. Nicolas Sarkozy n'est plus là, pour l'instant il n'y a pas de leader naturel. »
D'une manière générale, l'UMP désapprouve que la bataille pour le parti prenne le pas sur les législatives. Alain Juppé, qui se verrait bien en « président rassembleur » du parti, appelle à tempérer les ardeurs. « la condition de la victoire c'est bien sûr d'être rassemblés. (…) La priorité des priorités c'est l'unité. » Mais la remarque la plus directe adressée à François Fillon est venue de Bernard Debré, député UMP de la capitale. Lequel s'est contenté, sur Sud Radio, de lui envoyer un « François, il faut fermer sa gueule ».
Si, pour l'heure, les membres du parti ont pour priorité la campagne législatives, les ralliements à l'un ou à l'autre ne manqueront pas de se multiplier après le 17 juin. La bataille pour la direction de l'UMP s'annonce donc âpre, d'autant que Fillon et Copé ne sont pas les seuls à revendiquer le titre de chef de file de l'opposition. Xavier Bertrand, Alain Juppé et quelques autres sont également dans les starting-blocks.