Syrie : «On nous tue et le monde reste les bras croisés»

Par lefigaro.fr Le massacre de Houla a fait 92 morts dont 32 enfants Le régime syrien nie toute responsabilité dans le massacre de Houla, qui a fait une centaine de morts dont 32 enfants samedi. Kofi Annan est attendu lundi au Syrie. Le régime syrien a nié dimanche toute responsabilité dans le massacre de Houla, qu'il a attribué à des terroristes. «Nous réfutons totalement toute responsabilité gouvernementale dans ce massacre terroriste qui a visé les habitants», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Jihad Makdissi, qui a annoncé qu'une enquête avait été ouverte. L'agence officielle Sana a accusé des «groupes terroristes armés» d'avoir «incendié et fait exploser vendredi soir des maisons (...) afin de faire croire que les forces armées syriennes bombardaient la région». Elle a en outre accusé des terroristes liés à al-Qaida d'avoir commis des massacres dans d'autres localités de la province de Homs. La communauté internationale indignée Le général Mood, samedi à Damas. Crédits photo : LOUAI BESHARA/AFP Face au «massacre» de Houla attribué aux forces gouvernementales par l'opposition, la communauté internationale a fait part de son indignation. Washington appelle à mettre fin au règne «du meurtre et de la peur». Londres a demandé «une réponse internationale forte» et une réunion d'urgence du Conseil de sécurité «dans les prochains jours», tandis que Paris entamait des contacts pour réunir le «Groupe des pays amis du peuple syrien». Président actuel de la Ligue arabe, le Koweït veut de son côté convoquer une réunion d'urgence de l'organisation sur la Syrie «en vue de prendre les mesures destinées à mettre fin à l'oppression du peuple syrien». Le chef des observateurs de l'ONU en Syrie, le général Robert Mood, a appelé le gouvernement «à ne plus utiliser d'arme lourde», invitant autorités et opposition à «cesser de recourir à la violence». La communauté internationale n'est pas décidée à intervenir à Syrie. Contrairement au cas libyen, les Occidentaux n'obtiendront pas la bénédiction de la Russie et de la Chine, qui continueront d'opposer un veto à toute résolution du Conseil de sécurité de l'ONU ouvrant la voie légale à une intervention militaire. Les États-Unis, à quelques mois de l'élection présidentielle, ne peuvent s'engager dans une telle opération, surtout sans l'aval de l'ONU. Enfin, même en cas d'intervention occidentale, la victoire est loin d'être garantie. Alors que l'offensive en Libye reposait sur des bombardements aériens, cette stratégie, moins risquée pour les forces occidentales, est plus délicate à utiliser en Syrie, où la densité de la population est forte. Il faudrait donc envoyer des troupes combattre sur le terrain. Plus de 13.000 morts depuis le début de la révolte L'Armée syrienne libre (ASL), formée essentiellement de déserteurs, a prévenu qu'elle ne respecterait plus le plan Annan, un mois et demi après l'annonce d'un cessez-le-feu prévu par ce plan, constamment ignoré depuis. À moins que le Conseil de sécurité de l'ONU ne prenne des décisions d'urgence pour protéger les civils, le plan Annan ira en enfer», a affirmé l'ASL. «On nous tue et le monde reste les bras croisés, allez au diable avec votre plan» Annan, s'écrie un homme à Houla, selon une vidéo mise en ligne par des opposants, en référence au plan de paix de l'émissaire international Kofi Annan. Ce dernier, de plus en plus contesté par les habitants, est attendu lundi en Syrie. Dimanche, deux manifestants sont morts à Alep, dans le nord du pays, alors que les forces gouvernementales syriennes continuent de bombarder des villes rebelles selon l'OSDH. Plus de 13.000 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans les violences, depuis le début de la révolte contre le régime de Bachar el-Assad, toujours selon l'ODSH.