JEUNES DE LA MOUVANCE AUX ABOIS

Les termes employés par certains ténors des mouvements de jeunes qui ont soutenu le chef de l’Etat dans la bataille pour la reconquête du pouvoir sont assez évocateurs sur l’état de leurs relations au lendemain de la victoire de mars 2011. J’emprunte volontiers à Fred Houenou quelques extraits de son discours : « …A l’image du changement, la refondation est en train de devenir un slogan…Nous sommes prêts pour une révolution….Dire la vérité peut paraître révolutionnaire ». Les déclarations faites au cours de cette sortie des responsables des mouvements et associations de jeunes ayant porté leur choix sur le président Boni Yayi témoignent du malaise qui a gagné le rang de ces jeunes, depuis que le président de la République n’a d’yeux et d’oreilles que pour les déboires qu’il rencontre dans la mise en œuvre de réformes devant lui permettre de réaliser les promesses électorales qu’il a tenues. Sans pour autant chercher à prendre la défense du Chef de l’Etat, je voudrais signifier à ces jeunes de la mouvance que les enjeux d’aujourd’hui sont à mille lieux différents de ceux de la veille de l’élection présidentielle. Et que pour bénéficier de leurs soutiens, Boni Yayi et son staff ont dû mettre les petits plats dans les grands pour obtenir le déferlement de formules injurieuses en direction des hommes politiques de l’opposition. Ce job qui consiste à ridiculiser les opposants au régime de Boni Yayi à la veille de l’élection présidentielle de mars 2011 par des injures n’a certainement pas été gratuit. Dans une atmosphère de fièvre électorale, ils ont fait l’objet d’une cour assidue avec tous les avantages y afférents : portes de la présidence de la République largement ouvertes, entretien de toutes natures Une fois la victoire obtenue, qu’attendent-ils d’autres ? Passé l’instant des élections, Boni Yayi est confronté aujourd’hui aux difficultés relatives à la gestion du pouvoir avec en prime des réformes qui battent de l’aile et une fronde sociale qui ne laisse aucun répit au prince du changement. Les dénonciations à peine voilées faites par la bande à Lucien Médjico et autres Fred Houenou s’apparentent à une prédication dans le désert car elles laissent totalement son principal destinataire indifférent car ce dernier n’a, vraisemblablement plus un enjeu électoral à courir.

Mais intéressons-nous à ce cartel de jeunes hommes politiques en mal de sensations et d’enjeux électoraux. Les deux principaux, Fred Houenou et Lucien Médjico avaient officié sous le régime de Mathieu Kérékou. Par un effet de girouette dont ils sont les seuls à maîtriser le fonctionnement, ils ont réussi à se faire accepter dans les rangs des forces politiques de la mouvance après avoir séjourné un temps dans l’opposition. Les menaces à peine voilées dont le camp de la mouvance présidentielle a été l’objet ne font malheureusement plus recette surtout lorsqu’elles émanent d’un jeune homme politique comme Fred Houenou dont la transhumance politique ne surprend guère. Kamarou Fassassi et d’autres hommes politiques ont eu l’occasion de mesurer le militantisme politique de ces jeunes loups  de la mouvance.

L’image qu’offre cette jeunesse politique de la mouvance quelques mois après la victoire de Boni Yayi en 2011 renseigne sur sa conviction politique. Triste spectacle.

Valère D. MEDEGNONWA l'Autre Fraternité