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Le Blog de Joël Dimitri Vihoundjè "Le Citoyen Engagé"
29 juin 2012

CONSTRUCTIONS D’INFRASTRUCTURES AU BÉNIN: Le gouvernement défavorise les entreprises locales

Benin_ArmoirieLa manière dont le Bénin laisse les entreprises chinoises intervenir dans la  construction de routes, immeubles et autres infrastructures, défavorise les entreprises locales de Btp.

« Conformément  aux instructions contenues dans l’extrait du relevé n°07 du Conseil des ministres en sa séance du 7 mars 2012 et aux dispositions de l’article 49 alinéa 4 de la loi n°2009-02 du 7 août 2009 portant code des marchés publics et des délégations de service public en République du   Bénin, le ministre de l’économie et des finances, après avis de la direction nationale de contrôle des marchés  publics autorise le ministres des travaux publics et des transports à conclure, par la procédure de gré à gré avec l’entreprise chinoise China Railways N°5 Engineering group Co Ltd (Greg5), le marché relatif aux travaux d’aménagement des corridors de transit de marchandises vers d’autres pays par le Nigeria sur les axes Sègbanna- Samia et Bodjecali – Madecali – Iloua… », écrit le ministre de l’économie et des finances, à l’époque madame Adidjatou Mathys, dans une correspondance  datée du 14 mars 2012 et adressée  à son collègue des travaux publics Lambert Koty. Par cet acte le ministre de l’économie donne carte blanche au ministre des travaux publics qui avait sollicité son avis dans une lettre du 8 mars pour confier les travaux de gré à gré à l’entreprise chinoise. Et ceci contre toute la procédure déjà engagée en vue de confier le marché à une Société régulière selon les conditions d’attribution des marchés publics.

Ainsi dans une lettre datée du 15 mars 2012  au directeur de l’entreprise chinoise au sujet de l’acceptation de ses meilleures  propositions de prix pour l’exécution des travaux, le ministre Koty donne des indications : « En attendant la signature du marché afférent à ce projet, je vous demande de démarrer lesdits travaux dans les plus brefs délais et de les achever en l’espace d’un mois ».

En effet, ce marché d’une valeur de 1.212.598.920 FCFA TTC est relatif à 397 577 920 FCFA TTC pour les travaux de l’axe Sègbana-Samia et à  815 020 400 FCFA TTC pour ceux prévus sur l’axe Bodjecali – Madecali – Iloua.  Pour ce marché entièrement financé par le budget national, un appel d’offres est lancé en bonne et due forme. Appel d’offres auquel ont soumissionné 6 entreprises locales.  A en croire  le syndicat  national des travailleurs de l’administration des transports et des travaux publics (Syntra-Ttp) lors de sa conférence de presse mercredi 20 juin dernier sur la coopération entre la République du Bénin et la République populaire de Chine dans le domaine des infrastructures routières, « ces soumissionnaires étaient en pleine phase de préparation de leurs offres lorsque, sur instructions du chef de l’Etat, ledit appel d’offres a été suspendu et les marchés attribués à deux entreprises chinoises qui n’ont même pas acheté le dossier d’appel d’offres ». La gêne ici, selon les syndicalistes, c’est que l’Etat ne s’est pas donné « la peine d’informer  les soumissionnaires qui, dans le doute  ont poursuivi  la préparation de leurs offres jusqu’à leur  dépôt, engageant ainsi des frais inutiles ».

Les offres des soumissionnaires déclarent les travailleurs, « sont gardées jusqu’à ce jour avec les garanties de soumissions leur créant inutilement des frais bancaires ».

Le directeur de l’une des entreprises  ayant pris part à cet appel d’offres et qui a requis l’anonymat, tout déçu confirme l’information et  déclare : « l’administration ne nous a pas encore officiellement informé de l’arrêt de la procédure. Et puisque administrativement l’appel d’offres a une  validité de  90 jours et la caution  de 120 jours, l’administration peut donc, si elle le veut,  ne pas donner suite à une procédure d’appel d’offres engagée. L’essentiel c’est qu’elle le fasse dans  ces délais. Car après 120 jours, la caution devient caduque, sans valeur. Seulement que pendant tout ce temps, la caution continue de générer des intérêts à la banque. ».  Et  cet entrepreneur de lâcher : « C’est ça au Bénin. On vous fait subir les choses ». Comme lui, les soucis sont les mêmes pour les autres soumissionnaires. Et la réflexion s’impose ici.

Pourquoi l’Etat qui a délibérément décidé de faire du gré-à-gré avec les entreprises chinoises ne se  préoccupe-t-il  pas aussitôt de retourner ou de libérer les cautions aux soumissionnaires nationaux? Pourquoi les avoir laissé poursuivre le montage de  leurs dossiers jusqu’au dépôt alors qu’on sait bien que le marché est déjà attribué ? Pourquoi  cette préférence des entreprises chinoises au détriment des entreprises locales ?

Le syndicaliste Jacques Ayadji du ministère des Travaux publics  affirme lors de la conférence de presse que « la coopération bénino-chinoise dans sa forme actuelle ne protège pas le peuple béninois et son économie qui se trouvent ainsi livrés sans défense (du gouvernement béninois) à l’impérialisme  chinois en marche». Comment comprendre que même sur des projets financés par d’autres bailleurs de fonds, les entreprises chinoises gagnent presque toujours les appels d’offres ? Comment expliquer et accepter,  comme l’ont révélé les travailleurs du ministère, qu’en violation du code des marchés publics et des dossiers d’appel d’offres qui interdisent qu’une même personne physique ou morale participe sous différentes formes à un même appel d’offres, des entreprises chinoises « se mettent à plusieurs sur le même appel d’offres avec des niveaux de prix différents » ? Et impunément,  sans aucune réaction des autorités béninoises ?

Ce sont là quelques préoccupations qui amènent à se demander si l’Etat béninois ne travaille pas en définitive  à défavoriser ses propres  entreprises locales.  Ne milite-t-il pas contre la promotion du secteur privé, ce pourvoyeur d’emplois aux jeunes au profit des entreprises étrangères, notamment chinoises ? Au point où en sont les choses, la coopération entre le Bénin et la Chine dans le domaine des constructions d’infrastructures n’est pas un partenariat gagnant-gagnant pour une meilleure promotion des entreprises nationales.

Guy DOSSOU-YOVO - La Croix du Bénin

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