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Le Blog de Joël Dimitri Vihoundjè "Le Citoyen Engagé"
2 juillet 2012

Délocalisation de Cajaf-Comon:Comment l’Etat tue les entreprises locales



La société Cajaf-Comon serait en passe de fermer ses portes au Bénin, pour vraisemblablement des soucis fiscaux. L’information qui avait tout l’air d’une rumeur tend à se confirmer. Et au-delà des conséquences sociales et économiques pour le pays, ce qui frappe, c’est que le patron de Cajaf-Comon est aussi président du patronat béninois. Symboliquement, c’est l’entreprise béninoise qui est ainsi décimée.

 

Leader béninois des produits agroalimentaires congelés, la société Cajaf-Comon de l’homme d’affaires Sébastien Ajavon serait en voie de déposer le bilan. Des sources internes à l’entreprise indiquent que les activités de la société se délocaliseraient dans certains pays de la sous-région. Elles citent notamment le Ghana et le Nigéria. Selon plusieurs médias, Cajaf-Comon en serait arrivée là suite à un redressement fiscal de plusieurs dizaines de milliards. Les chiffres de 34 et 35 milliards sont souvent évoqués. A la question de savoir si l’homme d’affaires n’avait pas de voies de recours, la réponse est qu’il lui a été notifié de régler ses comptes avec le trésor public avant toute réclamation. Plusieurs s’étonnent que le montant du redressement soit supérieur au chiffre d’affaire annuel de la société, mais des professionnels des impôts tempèrent : " le redressement couvre sans doute plusieurs années ", laisse entendre un habitué des impôts.

Mais pour le commun des Béninois, il s’agit d’un harcèlement fiscal. Certains estiment même que dans le cas où l’entreprise serait en faute, elle ne devrait pas être poussée à la fermeture. Il est même évoqué les exemples des entreprises occidentales tombées en faillite à la faveur de la crise financière internationale qui sévit depuis 2008 et qui ont été renflouées par des ressources publiques. Pour dire qu’aucun Etat sérieux ne devrait laisser ses grandes entreprises mettre la clé sous le paillasson. Encore moins en être acteur.

Antécédents Courant juin 2010 déjà, une cargaison d’huile végétale importée par Cajaf-Comon avait été bloquée au Port de Cotonou, alors que la société avait accompli toutes les formalités douanières requises. A l’origine de l’affaire, la décision du pouvoir de remettre en cause un arrêté ministériel autorisant la réexportation d’huiles végétales et un accord signé avec la Douane pour faciliter l’enlèvement desdits produits. L’homme d’affaires avait en son temps menacé de saisir la Justice. Mais le dénouement de la crise intervient quelques jours plus tard, et la presse annonça en son temps un bras de fer évité de justesse entre Sébastien Ajavon et le Gouvernement. C’est dire que par le passé, le Gouvernement avait déjà eu des antécédents avec la société Cajaf-Comon. Tout récemment, la société Bénin Control de Patrice Talon qui était en contrat avec le Gouvernement béninois s’est retrouvée aussi en difficulté avec le même pouvoir. Elle est pour le moment en cessation d’activités. L’autre société importatrice d’intrants agricoles du même homme d’affaire a vécu impuissante l’enlèvement de ses marchandises par les forces armées sur ordre du Gouvernement. Récemment aussi, le maire de Ouidah et opérateur économique, Séverin Adjovi se plaignait d’avoir été spolié des ses actions dans une société de téléphonie mobile de la place. Que les Béninois qui sont témoins de ces faits en concluent à un harcèlement fiscal, c’est bien parce qu’ils en ont au moins les prétextes.

Image symbolique La fermeture de la société Cajaf-Comon ne manquera pas de conséquences. D’abord, ce sont des milliers d’emplois directs et indirects qui risquent de souffrir. Ensuite, les caisses de l’Etat peuvent dire adieu aux impôts et taxes douanières versés annuellement par la société. Et c’est aussi le Port de Cotonou qui verra son trafic nettement diminué. Enfin, les œuvres sociales de la Fondation Ajavon Sébastien adossée à la société Cajaf-Comon risquent aussi de s’interrompre. Mais la conséquence la plus grave est l’image symbolique renvoyée par les déboires de cette société. Que le Président du patronat béninois en vienne à fermer sa propre société, n’est porteur d’aucune incitation pour de futurs investisseurs, qu’ils soient nationaux ou étrangers. Le symbole, c’est celui de l’entreprise béninoise décimée par une gouvernance de mauvaise qualité.

Olivier Assinou

Par Le Quotidien Adjinakou du 2 Juillet 2012

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