Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Blog de Joël Dimitri Vihoundjè "Le Citoyen Engagé"
17 juillet 2012

Déclaration de Rafiatou Karim sur l'état de la Nation béninoise

Chers compatriotes, chers amis

 

Où allons-nous ?

Il me plaît de commencer mon intervention en citant l’Abbé Alphonse Quenum qui dans le journal la Croix du 29 Juin 2012 disait : « Les peurs qui inhibent les uns et tétanisent les autres ne doivent pas nous fragiliser au point de tuer en nous nos raisons d’agir et de vivre » L’actualité nationale n’incite pas à la réjouissance. Au contraire, elle commande à chacun et à tous de faire une halte pour poser la question suivante : où allons-nous ? Le président de République du Bénin, apparemment satisfait de son premier mandat à la tête de notre pays entre 2006 et 2011, a promis à ses amis et au peuple béninois tout entier qu’ensemble nous irions plus loin, toujours plus loin. Que l’on appartienne à la mouvance présidentielle ou non, chacun peut constater que dans différents secteurs, le pays s’essouffle au vu et au su des dirigeants qui continuent de nous dire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Parce que, plus que quiconque, les femmes vivent dans leur chair et dans leur âme des dysfonctionnements sociaux, il ne nous est plus possible de nous taire. C’est donc, en tant que femme et entourée ici de femmes de toutes conditions et de tous âges que nous prenons la parole ce jour, pour dire notre opinion sur quelques sujets préoccupants

1- La gouvernance

Comme tout le monde, nous avons pris au sérieux les propos tenus par le Chef de l’Etat lors de la campagne électorale pour les élections présidentielles de mars 2011, nous citons : « Notre objectif commun de développement de notre Nation, ne peut devenir une réalité que si elle s’appuie sur une administration au service de l’intérêt général et susceptible d’impulser le développement du secteur privé. » Fin de citation. L’intérêt général s’appelle aussi le bien commun ; sa promotion, dans tous les pays du monde, doit être l’une des préoccupations majeures, des hommes politiques. Que constatons-nous au Bénin ? La réponse la plus récente et la plus édifiante a été donnée à l’ouverture des assises catholiques du chrétien engagé le jeudi 28 Juin 2012. Nous citons : « La politique est devenue un champ clos de conflits d’intérêts, dénudée de toutes bases éthiques et morales saines qui n’incite ni les acteurs politiques, ni les décideurs administratifs à une mise en valeur performante du bien commun. » Pour les hommes et les femmes de ma génération qui avons fait de la politique un lieu de sacrifice individuel pour la promotion et l’épanouissement du maximum de personnes, cette définition ressemble à une négation de notre engagement de militantes et de militants depuis nos jeunes âges. Mais ces propos expliquent largement l’ambiance dans laquelle nous vivons. Je ne suis pas la première à constater que dans notre cher Bénin aujourd’hui, le dialogue et les débats d’idées sont pratiquement inexistants. L’accès aux média d’Etat n’est pas équitable pour les différents camps politiques du pays. Non, Mesdames et Messieurs, nous ne pouvons accepter la mort de la démocratie chez nous sans réaction parce que nous avons souffert, chacun à sa manière, pour la faire renaître. Je voudrais rendre ici un hommage mérité à tous ceux qui, qu’ils soient encore de ce monde ou non, ont osé à un moment donné depuis la colonisation dénoncer les abus des différents régimes que notre pays a connus.

2- L’économie

Tout le monde le constate et beaucoup le disent : l’environnement des affaires est morose. Aucun opérateur économique n’est heureux et fier de travailler au Bénin sauf ceux qui, à un moment donné sont dans les bonnes grâces du pouvoir, position qu’ils perdent rapidement dès que les intérêts divergent. Chers compatriotes, certains opérateurs économiques qui constituent le fleuron de notre économie sont en train d’être démontés, anéantis un à un, c’est eux qui forment notre bourgeoisie compradore, c’est eux nos Bolloré, nos Bouygues. Au cours de ses multiples déplacements à l’étrange, le Président Yayi Boni invite les investisseurs étrangers à venir s’installer au Bénin. Monsieur le Président, quel investisseur expatrié sera encouragé à venir s’installer au Bénin, avec l’insécurité juridique qui prévaut dans le domaine des affaires ? Aussi, quel expatrié prendra le risque de venir au Bénin en voyant la situation faite aux nationaux ? Avec Talon et son groupe, c’est d’abord le Pvi, ensuite le coton. Nous nous posons la question de savoir pourquoi on s’attaque à toutes les filières dans lesquelles, il s’est investi ? Le 13 mai sur Canal 3, nous avons suggéré que l’on laisse ceux qui géraient la filière coton jusque-là, faire la compagne 2012-2013 et pour les années à venir, on peut remettre les accords en cause. Mais le Chef de l’Etat est allé au bout de sa logique et la suite, nous le savons bien, c’est la saisie et l’arraisonnement des bateaux manu militari d’engrais du groupe Talon et consorts. Qu’est devenu Waco ou Wabco à qui le gouvernement a commandé les intrants bien qu’il n’ait pas été retenu lors du dépouillement de l’appel d’offre ? •Avant Talon, nous posons la question au gouvernement pour savoir le sort qui est fait à Francis da Silva ? Il était aussi dans le coton, le gouvernement l’a aussi éreinté semble-t-il, nous voulons savoir. •Nous ne voyons plus, nous n’entendons plus le Pdg Tundé, a-t-il des démêlés aussi avec le pouvoir, l’a-t-on contraint à être en hibernation ? Nous voulons savoir. •Dans notre pays aujourd’hui, l’administration fiscale a été instrumentalisée. Pour illustrer mon propos, je ne prendrai que l’exemple de la société Cajaf Comon de notre compatriote Sébastien Ajavon. Dites-nous, quelle faute a commise Mr Ajavon ? Pourquoi veut-on à tout prix l’obliger à fermer ses magasins et ses boutiques comme il a commencé à le faire ? • Comment peut-on nous dire que l’on désire impulser le développement du secteur privé et malmener les opérateurs économiques nationaux les plus solides et, en même temps, pourvoyeurs de ressources à l’Etat et créateurs de milliers d’emplois ? Les nombreux emplois qui auront disparu seront la preuve que ceux qui nous dirigent aujourd’hui ne se soucient pas de notre bien-être, et cela est extrêmement grave. Si nous n’avons plus le droit au travail, que reste-t-il des autres droits humains ?

3- Les droits humains

Il s’agit, pas plus ni moins, de ceux garantis par la Constitution du 11 décembre 1990 qui régit actuellement notre pays. Je vous invite à lire et à relire, au Titre II, l’article 8 qui stipule que « la personne humaine est sacrée et inviolable. L’Etat a l’obligation absolue de la respecter et de la protéger. Il lui garantit un plein épanouissement. A cet effet, il assure à ses citoyens l’égal accès à la santé, à l’éducation, à la culture, à l’information, à la formation professionnelle et à l’emploi. » Si nous voulons être sérieux les uns vis-à-vis des autres, pouvons-nous dire aujourd’hui au Bénin que nous nous efforçons réellement de mettre en pratique cet article de notre loi fondamentale ? Chers amis, notre bourgeoisie compradore est traquée aujourd’hui par le gouvernement ; je voudrais rappeler que quelque soit tout ce que l’on reproche à la période révolutionnaire, cette tranche de notre population était représentée à l’Assemblée Nationale Révolutionnaire (Anr). Opérateurs économiques nationaux, unissez-vous quelle que soit votre appartenance politique, votre région d’origine. Que ceux d’entre vous qui ne sont pas encore attaqués ne se moquent pas de ceux-là qui le sont aujourd’hui, car vous ne connaissez pas la prochaine victime. Avant de m’arrêter, je parlerai de la Lépi et des appels lancés en direction de certaines institutions et personnalités.

4- La liste électorale permanente informatisée (Lépi)

Aujourd’hui, nous le reconnaissons tous, la Lépi qui a servi à faire les élections présidentielles et législatives de 2011, n’est pas fiable. Nous devons la revoir, mais nous devons être ensemble pour la revoir. Les regroupements politiques opportunistes qui se font sous nos yeux et qui veulent accoucher d’une Lépi consensuelle n’augurent de rien de durable et de sain. Soyons donc vigilants.

5- Les appels

a- A l’endroit des Présidents des institutions de la République, des anciens Présidents de la République, du Médiateur de la République. Chers compatriotes, qu’il vous souvienne qu’à la Conférence Nationale des Forces vives, le Professeur Albert Tévoédjre avait invité la communauté internationale à user de leur droit et devoir d’ingérence pour sauver le Bénin. Cet appel était grave par rapport à ceux à qui il était adressé. Je voudrais ici lancer le même appel à l’endroit des chefs des institutions de République, des anciens Présidents de la République et du Médiateur de la République pour qu’ils attirent l’attention du Chef d’Etat sur les risques que la communauté nationale court depuis qu’on voit les escalades se succéder les unes aux autres et que l’on sait ce à quoi ce genre de pratiques aboutit dans d’autres pays de la sous-région. b- A tous nos compatriotes de la mouvance présidentielle, je voudrais leur demander de cesser de toujours caresser le Président Yayi Boni dans le sens des poils. c- Enfin au Président de la République, Chef de l’Etat, Chef du Gouvernement, je voudrais lui dire qu’en acceptant d’assumer les fonctions qui sont les siennes aujourd’hui, il s’est engagé dans une course de fond et non une course de vitesse. Rien ne peut absoudre le gouvernement et son chef par rapport à tout ce qu’on reproche aujourd’hui aux opérateurs économiques nationaux car les contrats qui les lient ont été bel et bien signés par des membres du gouvernement et leur chef. Mr le Président Yayi Boni, vous êtes locuteur nagot comme moi je voudrais vous dire ce proverbe nagot : « è ma fa gbrou, qui gbrou ma a fa gbo » Et maintenant chers femmes et hommes des médias, mes amies et moi sommes à votre disposition pour répondre à vos questions.

Je vous remercie.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Le Blog de Joël Dimitri Vihoundjè "Le Citoyen Engagé"
  • Le blog qui parle de politique nationale et internationale,avec un ton féroce pour les grands de ce Monde...Le blog qui parle du développement... Contacts: +229 97 40 50 24 jodadiv@gmail.com
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité